Crédit photo : teshima art museum
LES 4 ELEMENTS
Un lieu. un espace. Sol béton blanc. La voûte ou coupole blanche, comme un toit léger, en courbe harmonieuse percée de deux anneaux qui donnent accès à l'œil, vers l'extérieur, vers la nature, un pré, des arbres selon vos déplacements. L'entrée dans ce lieu est ritualisee. Vous prenez un ticket puis vous suivez un petit chemin, là, une personne vigilante vous demande d'enlever vos chaussures et de les ranger. Il demande de faire silence. il demande de ne pas faire de photo.
Le lieu invite au silence, par sa forme pure, par la surprise qu'il provoque. Images de coquille, de fusée, de mystérieux... On ne sait pas à quoi s'attendre. Rien de concret à attendre. Être là. Sentir. Visualiser les points de vue de la nature qui changent avec vos pas, lents et attentifs, dans l'un et l'autre anneau d'accès à l'extérieur.
Regarder ce qui se joue au sol. Des gouttes d'eau. Elles sortent du sol, une toute petite là, plusieurs qui se poussent ailleurs en
ribambelles de gouttes. Des trains de gouttes qui courent vers des flaques qui s'étirent loin parfois vers une étendue où elles se rassemblent. L'œil perçoit à peine l'inclinaison du sol. Elle existe puisque les gouttes se collent, s'élancent, se rassemblent, se heurtent, évitent les flaques ou les rejoignent. Des gouttes en mouvement, vivante et dynamique.
Je me pense petite goutte, aux prises avec l'aléatoire de la vie, des chemins ardus, pentus où sereins... Et puis des fils presque invisibles flottent au vent, accrochés aux ouvertures. ils se balancent pour nous faire percevoir l'air. Au sol, quelques petits galets plats et quelques billes blanches. L'eau prend le pas sur les autres éléments. Deux grandes flaques sont installées sous les deux ouvertures. Eau de pluie ou sortie du sol ? Alliance entre ciel et terre.
Ce lieu à philosopher me capte un long moment, il m'offre un espace de respiration après la frénésie des villes visitées.
Juste de l’air, de l’eau, de la lumière et du béton.
J'ajoute quelques éléments tirés de guide :
"Teshima Art Museum
Historique et Architecture du Teshima Art Museum
C’est en 2004, peu de temps après l’ouverture du Chichū Art Museum sur Naoshima, que Soichiro Fukutake (directeur de la Naoshima Fukutake Art Museum Foundation) eut l’idée de créer un lieu où « l’architecture, l’art et la nature ne feraient qu’un ». L’architecte commissionné pour la chose, Ryue Nishizawa s’enthousiasme pour l’idée et, après plusieurs visites de Teshima, il décida de concevoir un bâtiment qui aurait la forme d’une goutte d’eau au moment de l’impact.
Le bâtiment pratiquement dessiné à la main s’avère être un véritable challenge à construire puisque qu’il s’agit d’une coquille toute en longueur et extrêmement plate (les dimensions sont environ de 60 mètres de long, pour 40 de large et pas plus de 4,5 mètres de haut). La structure ne possède ni murs ni piliers et la coquille en béton est extrêmement fine, 25 cm d’épaisseur en moyenne. Un tel bâtiment est unique et les techniques pour le construire ont dû être inventées au fur et à mesure même de la construction.
Pour créer cette coque, un moule fait de terre renforcée par des armatures de métal fut d’abord assemblé, puis 22 heures durant, du béton fut coulé à l’aide de 120 bétonnières. Il mit ensuite cinq semaines à sécher, puis six semaines supplémentaires furent nécessaires pour retirer la terre de l’intérieur de la structure.
Les rizières et autres champs qui l’entourent étaient autrefois abandonnés. Les terrains ont été achetés par la fondation Fukutake en même temps que celui du musée pour que les champs y soient de nouveaux cultivés par les fermiers de l’île ainsi que des associations locales de bénévoles dont Koebi-tai. Ceci dans le cadre de sa démarche de revitalisation de l’île par l’art. Ces champs ont une fonction double. Tout d’abord, ils servent de décor au Teshima Art Museum. Ils l’inscrivent dans un paysage dont il devient indissociable. Et en parallèle, les récoltes de ces champs servent à simplement nourrir l’île, ainsi que ses visiteurs. Par exemple, le riz que vous mangerez à Shima Kitchen en provient.
Puis, il y a la nature au sens à la fois plus large et plus proche. C’est-à-dire tout ce que vous verrez et sentirez en arrivant, en marchant sur le petit chemin : la Mer Intérieure de Seto – du haut de la colline, vous pourrez admirer un paysage comprenant Shodoshima vers l’ouest, Inujima au nord, et Honshu derrière elle – et aussi les arbres, les oiseaux, l’air, le vent, la pluie parfois".
Matrix par Rei Naito. les jeux d'eau, c'est Elle!